Contacté par un journal irlandais le « Business Post », me voila chargé de la réalisation de portraits de deux parlementaires européens, en marge d’une session à Strasbourg.

Parlementaires européens

Mick Wallace et Clare Daly posent dans la passerelle qui relie les deux bâtiments du Parlement Européen à Strasbourg

A la mi-décembre le chef photo d’un journal irlandais, me contacte. Il faut urgemment que je réalise des portraits de deux parlementaires européens irlandais qui ont accepté une interview pour son canard : le Business Post.
L’entretien se fait en anglais, ce qui rassure mon interlocuteur. Il faut absolument pouvoir m’exprimer dans la langue de Shakespeare à l’occasion de ce travail.
Il m’explique que les deux compères sont en couple mais ne se comportent jamais comme tel en public. Il m’apprend aussi qu’ils sont très populaire en Irlande. Mais très controversés aussi depuis quelques mois et des prises de position parfois difficiles à comprendre pour l’opinion publique (j’ai pas tout creusé, ni tout suivi…).
Un des journalistes du Business Post a décroché une interview de Mick Wallace et Clare Daly.
Il se déroulera dans les locaux du Parlement Européen de Strasbourg à l’occasion d’une session parlementaire. 
Le moment est assez touchy : le scandale des pots de vins qataris vient d’éclater.
Mais tout cela ne me concerne pas.
Je suis seulement chargé de réaliser une belle photo des deux interviewés pour illustrer un entretien avec la presse assez attendu en Irlande. 

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Un travail pas si simple… au niveau administratif.

La photo doit être faite et envoyée de manière urgente. Evidemment, il me faut pouvoir pénétrer le Parlement Européen, et ce n’est jamais aussi simple que ça. 
Je n’ai pas de carte de presse, mais je peux quand même accéder à l’édifice ultra-protégé par le biais d’un ordre de mission motivé, d’une sollicitation au parlement, de la création d’un compte au service média, etc…
Tout en serrant les fesses pour recevoir une réponse de l’institution en moins de 24h : je vous l’ai dit, on est pressé par le temps.
Une fois ces considérations administratives expédiées, je prends contact avec le journaliste qui a fait le déplacement à Strasbourg.
Notre rendez-vous est fixé en matinée. Un jour ou il neige abondamment à Strasbourg… Les routes sont bien glissantes.
Je suis malgré tout à l’heure pour passer les différents contrôles de sécurité, récupérer mon badge et mes accréditations et rejoindre le -très sympathique- journaliste qui doit valider certaines choses avec l’assistant parlementaire des deux modèles du jour…
Passons rapidement le fait que je me fais confisquer un couteau que j’avais oublié au fin fond de mon sac photo à l’entrée du premier check point.

Sésame en poche après quelques péripéties, me voila accrédité pour faire mon travail au sein d’un Parlement Européen couvert de neige pour l’occasion…

Un travail pas si simple… Au niveau photographique

Mes deux modèles sont sacrément lookés et assez peu réceptifs à mes demandes. Pour ce qui concerne le lieu, je sais ou je veux faire mon image : je connais bien le parlement pour y avoir déjà travaillé, missionné par Gary Kasparov en 2012. Mais pas que. J’avais aussi accompagné Jacques Toubon en 2020. Mais pas que…

Je fais mon travail de photographe, mais les retours de mes modèles (sacrément lookés) sont assez négatifs : « No, not that way, I don’t want to give such an image. I don’t want to look too bossy. », etc…
C’est assez classique : quand on a une certaine image auprès du public, on a tendance à moins faire confiance au photographe.
Et comme peu de gens sont à l’aise devant l’objectif, ne pas vouloir être « too bossy » permet finalement d’asseoir son autorité sur celui qui vous demande votre image.
Alors qu’on a pas envie d’avoir l’air trop autoritaire. Mais on l’est avec le photographe… Vous suivez un peu la contradiction de l’échange ?

Evidemment, si t’es une star de la photo, tu peux faire poser ton people comme bon te semble.
Mais on ne va pas dire que j’ai une notoriété de dingue auprès des politiques irlandais.
Cependant, j’ai l’habitude de faire poser des personnalités publiques depuis plus de 20 ans. Début des années 2000, j’étais chargé de la communication d’une administration territoriale. Et les vieux grincheux qui n’aiment pas leur trogne en photo, ça me connait…
Alors, je fais comme il se doit : je tiens bon, j’ai du répondant, je fais mes meilleurs sourires, je leur montre que je sais ce exactement que je veux, et ils m’accordent 5 min chrono pour mes images. 
Au final, et presque comme toujours, c’est la première photo qui est retenue par le journal.
Si vous voulez lire l’article qu’elle illustre, vous pouvez cliquer sur le lien (et payer un abonnement). 

Conclusion

Je suis parfois sollicité par des médias étrangers pour la réalisation de portraits.
J’ai en mémoire une séance avec Matt Sels en 2018, gardien de but du Racing Club de Strasbourg, pour un journal sportif Belge.
La morale de cette histoire : ces organes de presse sont en galère, cherchent un photographe, me trouvent, sont rassurés par le travail exposé en ligne, mes réponses, mes aptitudes en langues étrangères.
Tout ce que les journaux français ne voient pas chez un artisan photographe comme moi qui n’a pas de carte de presse.
Les conventions font qu’on préférera toujours solliciter un photographe d’une agence X ou Y ou celui avec qui on a bu un godet un soir en fin de semaine.

Je comprends, et ça ne me dérange pas : moi, je bosse pour les étrangers ou les boites de l’autre bout du pays qui ont besoin d’un inconnu qui a l’air crédible.
Et ça me va bien.

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