C’est l’été ! Mais on bouffe trop d’images, tout le temps, sans arrêt. Appuyons pour une fois sur pause, le temps de contempler une seule et unique photo. Une photo d’été.

été

Un épi de blé dans la douce lumière d’un coucher de soleil de juillet.

Juillet. Il est 21h15. Je suis sur la route en Alsace quelque part entre Nordhouse et Plobsheim, revenant de près de 8h de shooting mariage sous un soleil de plomb.
Les vitres ouvertes, je profite de la fraicheur qui s’installe doucement pour la nuit sur la plaine.
La journée a été rude, j’ai pris le chaud pendant de nombreuses heures, j’ai le dos en compote, et je me réjouis de la future douche froide que je vais bientôt prendre…
J’apprécie ce moment de semi-détente. Le soleil s’apprête à se coucher, et je repense à une image que j’avais faite dans des circonstances identiques en revenant d’un mariage l’année précédente. J’avais garé ma voiture à proximité d’un champ de blé et j’avais shooté une image pleine de gluten : du blé…
Le blé prêt à être moissonné symbolise à merveille cette période de l’année qu’est la mi-juillet.
Tout le monde associe ce type d’image à un souvenir ou une sensation estivale.
En réfléchissant à cette association d’idée et aux photos que j’avais produites sur cette thématique, je me dis que je suis trop fatigué pour m’arrêter et reproduire une image qui ne sera ni meilleure ni moins bonne que la série de l’année précédente.
Bref, j’ai la flemme et je suis à plat.

Je tourne la tête pour regarder les champs, et déjà le soleil disparait, se transformant en une grosse boule rouge qui joue à cache-cache avec les arbres à l’horizon.

C’est à ce moment que tout se met en place tout seul, me forçant à stopper mon véhicule et à faire demi-tour pour sortir mon matériel photo pour la dernière fois de la journée.
Les éléments m’ont fait ce cadeau de pouvoir rapporter un sublime souvenir. Bon ok, j’ai su regarder au bon endroit, au bon moment… Et peut être même que je cherchais quand même à ramener une image sur ce sujet précisément.
Le soleil apparait sur l’horizon, le champ de blé (bon, c’est peut être pas du blé, mais on ne va pas chipoter), est accessible facilement, et je n’ai plus qu’à appuyer sur le déclencheur.
Enfin « plus qu’à »… Parce qu’il me faut encore composer mon image, cadrer correctement, et jouer avec l’exposition.
Pour la composition, c’est facile, je choisis de mettre dans le cadre les deux éléments qui font le sujet de ma photo : je fais le point sur un épi de blé que je fais ressortir en réduisant ma profondeur de champ à son minimum. Je place la ligne d’horizon sur le tiers supérieur, et je décentre l’épi, pour éviter une composition plate et inintéressante (rappelez-vous les règles de cadrage et de composition !).
Je monte les ISOS pour garder une vitesse d’obturation très rapide. Il est tard, je suis crevé, et j’ai presque la tremblotte au moment de mettre le viseur à l’œil. 3200 ISO pour 1/1600è. Je suis certain de ne pas produire de flou de bouger à 2,8 d’ouverture de diaphragme pour une focale de 70mm.
Enfin, je place le soleil dans l’espace libre. Il est une composante importante de l’image par sa taille et sa couleur, mais la faible profondeur de champ le fait disparaître dans un flou harmonieux.
Pour l’exposition, je cherche un peu.
Je produis plusieurs photos. Intuitivement, je surexpose volontairement mes premières images de +0,7. J’ai le soleil en pleine poire, et je pense qu’il faut compenser cet élément pour récupérer de l’exposition sur mon épi.
Et pourtant, moyennement satisfait, je propose à mon appareil d’exposer correctement mon image.
Il fait son boulot, et je repars avec cette belle image, qui symbolise à merveille la douceur et d’une belle soirée de juillet.