Notre Dame de Strasbourg, splendeur architecturale gothique a été le plus haut édifice du monde de 1647 à 1874.
La prouesse est accomplie grâce à l’édification de la fameuse et unique flèche de la cathédrale qui s’appuie sur une tour octogonale dont je vous livre quelques secrets dans cet article et mes meilleures photos sur le sujet.

plafond de la tour de la cathédrale de Strasbourg

Le plafond de la tour octogonale, qui supporte la sublime flèche de la cathédrale de Strasbourg

flèche de la cathédrale

Une tour octogonale surmontée par une flèche ressemblant à une stalagmite en dentelle de grès fait culminer la cathédrale de Strasbourg à 142,8 mètres du sol.

La flèche et la tour ont pratiquement été construites d’un seul jet, mais sous la direction de deux maîtres d’œuvre successifs : Ulrich d’Ensingen pour la tour et Jean Hültz pour la flèche. La durée des travaux pour les deux parties est de quarante ans (1399-1439).

La tour octogonale de Maître Ulrich et les « vier Schnecken »

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Escalier à vis gemellée dans un des 4 « Schnecken »

Décédé en 1419, Maître Ulrich a presque vu l’achèvement de la tour.

Celle ci est surmontée d’un petit étage qui la couronne et qui lui est posthume.

D’une hauteur de 40 mètres, la tour est de forme octogonale, composée de piliers et s’inscrit dans un carré dont les quatre angles sont flanqués d’escaliers à vis.

Les quatre escaliers sont totalement indépendants de la tour et ne lui sont reliés qu’au sommet grâce à de petites passerelles (attention au vertige!).

Ces quatre tourelles renfermant les escaliers sont appelées les Vier Schnecken (quatre escargots) dans la tradition populaire strasbourgeoise à cause de la forme des escaliers.

Seuls trois de ces escaliers permettent d’atteindre directement le sommet de la tour.

La quatrième tourelle, propose des escaliers à vis gémellées permettant à deux visiteurs de monter au même niveau sans se voir.
Un des escaliers s’arrête net dans le vide à mi-chemin et la montée reprend en vis unique.

Cet arrêt brutal de l’escalier symbolise le choix qui existe dans toutes les religions : « choisir le bon chemin pour aller toujours plus haut ».

À 30 mètres d’élévation (soit 100 mètres du sol), une galerie fait le tour de l’octogone par l’intérieur.

8 petites statues y sont disposées et regardent les cieux.

Elles représentent Maître Ulrich lui même et sa femme tenant un enfant, sainte Barbe, sainte Catherine, deux personnages tenant des phylactères, un bœuf et un ours enchainé (références aux constellations du Bouvier et de la Grande Ours).

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Le haut de la tour et le bas de la flèche… On distingue la galerie de la tour et deux des « 4 Schnecken ».

L’octogone et la symbolique du nombre 8

La cathédrale est un livre ouvert comportant un nombre incroyable de références au divin et à la culture chrétienne. Le nombre 8 (et donc l’octogone) fait partie de ces références.
L’octogone est la forme géométrique intermédiaire entre le carré et le cercle, et donc symboliquement entre entre le ciel et la terre.
La mise en harmonie de tout l’édifice s’effectue par cet octogone qui symbolise le retour à l’Unité.
Le nombre du Christ est huit qui remplit pleinement la fonction d’intermédiaire entre le ciel et la terre. Ainsi, la gématrie du Christ est 888, comme celle du démon est 666.
Vous suivez toujours? Attendez de voir la suite… Passionnant…
Le 8 horizontal de l’homme couché accède à la verticalité avec cette tour. La forme octogonale de la tour exprime une idée de redressement après la mort : de résurrection.
Autre chose : l’octogone, et le nombre 8 sont liés à l’élément EAU. Ainsi, les baptistères chrétiens sont octogonaux. C’est le symbole des eaux du Baptême : le 8 lié au Christ, le 8 lié au signe des Poissons, le 8 lié à l’infini (∞).
Alors? Passionnant, non ?

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Plan de la tour octogonale. On voit bien les 4 escaliers aux 4 coins.
Les statuettes sont marquées par les lettres : A = femme à l’enfant, B = Maître Ulrich, C = Sainte Catherine, D = Sainte Barbe, E et F = Personnages aux phylactères, G = Ours enchaîné, H = Bœuf couché.
Illustration tirée de « La Cathédrale de Strasbourg » de Michel Zehnacker aux éditions Alsatia.

La flèche, stalagmite de lumière érigée par Jean Hültz

flèche de la cathédrale de strasbourg

La flèche, pyramide à 8 pans surmontés d’escaliers.

Près de deux mètres après la galerie aux huit statuettes évoquées précédemment, on aperçoit le début de voûtes incomplètes de Maître Ulrich. C’est à partir de ce point que la direction du chantier est assumée par Jean Hültz. Il décide de surélever la tour octogonale de plus de 8 mètres (encore un 8!) et de la terminer par la sublime et unique flèche.
Cette flèche de 42 mètres de haut, est achevée en deux décennies (1419-1439) et porte la cathédrale à une hauteur totale de 142,8 mètres. Pour réaliser le point culminant de l’édifice, Hültz a l’idée géniale d’élever une pyramide à huit pans (8 pour changer!), dont les arêtes sont « chevauchées » par des tourelles, à travers lesquelles cheminent six escaliers à vis qui débouchent sur un autre étage de forme carrée. Les angles de ce carré abritent quatre autres escaliers qui montent à la « Lanterne« .
Jusqu’à cet endroit, l’ascension était relativement sûre grâce à des barreaux de fer qui sécurisent les ouvertures des tourelles. A partir de la Lanterne, il n’existe plus de « sécurité », rien que la pierre elle même, rendant l’ascension effrayante.
Puis vient une autre partie de la flèche qui est appelée « Couronne » : l’édifice s’évase tel une corbeille à l’intérieur de laquelle s’élèvent huit (!!8!!) colonnes de pierre.
Au dessus se trouve le « Bouton rose » qui se termine par une croix de fer et finit la flèche.
Immense stalagmite, la flèche semble toucher le ciel, tel un doigt et met l’édifice en contact avec les cieux et le divin.
C’est une véritable dentelle de grès dont le plan rappelle une structure moléculaire.
Elle semble légère et fragile, malgré un poids total de près de 2 000 tonnes.

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Le plan de la flèche laisse apparaître une structure quasi-moléculaire On distingue parfaitement les 8 arêtes de la pyramide, qui soutiennent les escaliers permettant l’ascension finale.
Illustration provenant de « La Cathédrale de Strasbourg » de Michel Zehnacker aux éditions Alsatia.

La seconde flèche un souvenir foudroyé…

Une seconde flèche fut construite en 1496 par Maître Jacques de Landshut. Haute d’une quinzaine de mètres, elle fut frappée par la foudre et détruite en 1533 et jamais reconstruite par la suite. Elle s’élevait à la place de la « maisonnette des gardiens » qui se trouve sur la plateforme.

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Sur la plateforme, à l’emplacement de la seconde tour se trouve la « Maisonnette des Gardiens ».

Les photos que j’ai réalisées dans cette partie de l’édifice sont visibles dans cette galerie ci-dessous.

BONUS ! Visionnez le reportage « vertigineuse cathédrale de Strasbourg »