Nature morte… L’esthétisme de la mort.

Début novembre, la période idéale pour refaire un focus sur ce travail photo toujours en cours…

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Indissociable de la vie : la mort

La mort est indissociable de la vie.
Elle nous accompagne tout au long de notre existence, et elle est plus ou moins présente dans nos vies selon les individus, leur mode de vie, leur entourage, la société dans laquelle ils évoluent.
Dans nos sociétés occidentales, la mort a tendance à disparaître de notre quotidien : on range nos vieux prêts à mourir dans des maisons de retraites/mouroirs, la médecine nous fait espérer une vie longue et de moins en moins pénible, et nos morts sont mis en terre dans des cimetières que nous ne fréquentons qu’en de très rares occasions…

Voir la mort de ses propres yeux est de moins en moins fréquent et devient une épreuve souvent choquante, alors qu’elle est parfaitement naturelle.
La mort provoque chez le spectateur des sentiments de rejet. Elle révulse mais elle fascine aussi…

Elle est paradoxalement omniprésente dans les fictions que nous consommons pour nous distraire… Nous l’acceptons sans qu’elle ne nous pose de problèmes de conscience lorsque nous la voyons sur grand ou petit écran ou sur une scène. Elle est fictive et sert notre distraction.
La mort (comme la vie) est partout autour de nous. La nature vit, meurt, se renouvelle, continue, cesse, renaît, disparaît, recommence…
La mort de certains êtres nourrit la vie d’autres espèces… La mort est nécessaire à la vie.
Aujourd’hui, les morceaux d’animaux morts que nous mangeons sont sortis de papiers ou de plastiques, eux même souvent rangés dans des cartons d’emballage que nous sortons de nos réfrigérateurs. Nous finissons par oublier que derrière un steak haché ou une escalope de dinde, il y a la mort d’un animal que nous n’avons pas vu mourir.

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Les animaux morts que nous voyons sont souvent sortis d’un papier d’emballage et grillés à la poêle alors qu’il suffit d’observer pour remarquer leur présence (parfaitement normale).

La série d’images que je présente avec cet article s’enrichit régulièrement de nouvelles photos au gré de mes balades et de découvertes fortuites. Je l’appelle « Nature morte » parce qu’elle présente des animaux sans vie.

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« Les oiseaux ne se cachent pas pour mourir »

C’est aussi un clin d’œil aux traditionnelles « natures mortes » classiques qui sont des mises en scènes très travaillées. Mes images sont prises sans intervention de ma part sur la scène que j’observe. L’animal est mort, je passe à côté, je le vois, je cherche un angle de prise de vue intéressant et valorisant, et j’appuie sur le déclencheur. Ce travail tient + de l’observation que de la recherche.

La démarche est la suivante : il ne s’agit ni de faire l’apologie de la mort, ni de présenter des images morbides, ni de prétendre que la mort est souhaitable ou belle.
Il s’agit simplement d’en admettre l’existence, de la révéler, d’en admettre l’esthétisme et de prouver qu’elle est partout autour de nous sans pour autant être choquante, immonde ou intolérable. Qu’elle sert un mécanisme qui nous dépasse, s’impose à nous, que nous devons accepter. Qu’elle peut participer à la création photographique, à l’esthétisme d’une image et même en être le sujet principal.